Morsure #5
Estampes
Toute la journée
Gratuit
Chaque année, l’Archipel présente le regard d’un·e artiste sur la gravure contemporaine.
La sélection de cette cinquième édition, opérée par la commissaire d’exposition Cora Texier, réunit douze artistes autour d’un thème central : la matière.
Morsure met en lumière la diversité des pratiques de l’estampe : gravure en taille d’épargne, taille-douce, sérigraphie, lithographie, monotype… Les artistes convoqué·e·s sondent la matière dans ce qu’elle a de plus concret comme de plus symbolique. Par une traversée verticale, du fond des mers jusqu’aux hauteurs célestes, l’exposition décline la matière comme une exploration des strates qui composent notre monde, des sédiments marins aux cieux vaporeux, de la roche au nuage, du visible au sensible.
Avec les œuvres de Hélène Baumel, Christine Bouvier, Olivier Brunot, Roby Comblain, Marc Couturier, Luc Doerflinger, Emmanuel Gatti, Alice Gauthier, Jaga Jankowska Cappigny, Laurie Joly, Muriel Moreau et Camille Oarda
L’exposition est rythmée de rendez-vous pour découvrir les dessous de la création, appréhender l’aspect résolument ludique des techniques de gravure mais aussi échanger sur les thématiques abordées.
Hélène Baumel
Aquatinte et linogravure
Née en 1951, Hélène Baumel vit et travaille à Orsay (Essonne). Elle s’est spécialisée dans les gravures taille douce et bois à tirages limités et dans les livres d’artiste réalisés en collaboration avec des poètes contemporains.
La nature est omniprésente dans son travail. Elle y explore la montagne : les reflets de l’eau et de la neige, les ombres sur les versants et dans les vallées, les nuages, les rochers… Les matières qui composent les paysages de montagne inspirent à l’artiste une recherche sur la couleur, sur les nuances ; ceci pour traduire l’ombre et la lumière mais aussi l’évolution d’une émotion.
Dans le cadre de Morsure #5, elle présente un livre d’artiste réalisé en linogravure et trois estampes en aquatinte (procédé de gravure à l’eau-forte où la plaque de métal est creusée à l’acide autour de grains de résine fondus). Une sensation de douceur émane de ces estampes, notamment grâce à leurs remarquables camaïeux de bleus, de verts et de bruns.
Christine Bouvier
Ruisseau
Eau-forte sur cuivre
Née en 1958, Christine Bouvier vit et travaille à Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise).
Elle met en relation photographie et gravure dans un travail sur le paysage dont l’eau est un élément constitutif. La représentation de l’eau – qu’elle soit stagnante, murmurante ou tourbillonnante – renvoie, avec un certain vertige, à d’autres éléments de l’univers, parfois infiniment petits, parfois infiniment grands.
À la mesure du sentiment de présence au monde ou de désorientation que lui procure la perception de ces micros-paysages, Christine Bouvier leur confère une importance en gravant de très grandes planches de métal. Elle conjugue alors deux échelles de travail : celle du corps, comme pour plonger dans l’image, et celle du geste de la main, pour préciser d’infimes détails.
Elle présente Ruisseau un ensemble de trois grandes gravures sur cuivre (réhaussées grâce aux techniques de transfert et d’aquatinte). Née de l’observation quotidienne d’un ancien lavoir et de l’expérimentation et de la photographie de la surface de son eau, cette œuvre imprimée est la mémoire de ces expériences, l’empreinte d’un moment évanescent.
+ Un film documentaire de Clovis Prévost (projeté au sein de l’exposition) offre la possibilité de suivre Christine Bouvier dans chaque étape de son travail.
Olivier Brunot
Météores
Empreinte de tarlatane et dessin
Olivier Brunot vit et travaille à Cast (Finistère). Après avoir exploré les arts plastiques en tous sens, il fait le choix de se consacrer au dessin et à la gravure et d’orienter son travail vers le dépouillement et la sobriété. Depuis plus de 10 ans, il explore le noir et blanc, les lignes et les masses, les jeux graphiques.
La série Météores est constituée d’un ensemble d’œuvres réalisées par impressions de tarlatanes (des tissus utilisés pour essuyer les plaques gravées puis encrées afin d’imprimer des estampes). Elles sont donc chargées d’encre et d’histoires. Olivier Brunot imprime ces tarlatanes puis rehausse certaines zones à la pierre noire. Il désigne cette technique par le néologisme « destampe » (de »dessin » et « estampe »).
L’empreinte du tissu devient roche, matière. Sur ces ilots de pierre apparaissent de minuscules habitations, vestiges ou signes d’une présence humaine.
Roby Comblain
Le Chaos
Linogravure
Né en 1955, Roby Comblain vit et travaille à Bruxelles (Belgique). Il est plasticien et scénographe. Artiste hors norme, défrichant sans cesse de nouveau champs d’expérimentation, ses œuvres actuelles sont des installations issues de l’accumulation d’estampes. Le plus souvent disposées au sol ou au mur, elles deviennent volume, sculpture.
L’installation Le Chaos est constituée de 70 épreuves imprimées sur papier. Roby Comblain la façonne in situ, pliant et froissant chaque feuille en autant d’éléments minéraux dont l’accumulation évoque le chaos primordial sans cesse renouvelé. Marquée des stigmates de toutes ces expérimentations, l’œuvre est vivante, ludique.
Marc Couturier
Dessins du troisième jour
Lithographie
Né en 1946, Marc Couturier est un artiste dont le travail est le fruit d’une attention poétique et singulière au monde. Ses œuvres, principalement sculpturales, se situent au croisement d’une double filiation : entre le pouvoir d’évocation du symbolisme et la rigueur formelle du minimalisme.
Avec ses Dessins du troisième jour, réalisés au graphite, arbres, chemins, talus, frondaisons se dissimulent sous un réseau dense et hypnotique de griffures sombres. Apparaissent alors d’incroyables sites naturels, fruits d’un geste automatique et continu. L’artiste instaure un échange entre la nature et le divin. Commencés en 1991, les Dessins du troisième jour sont présentés à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 1993. En 2013, Marc Couturier rencontre les fondateurs de l’atelier de lithographie Nicolas Draeger – Anthèse. Ensemble, ils réalisent un coffret de 12 lithographies (la lithographie est une technique d’impression d’un dessin réalisé sur une pierre) rehaussées au crayon.
Luc Doerflinger
Demi sommeil de l’homme clou 2.0
Eau-forte et variotype
Né en 1966, Luc Doerflinger vit et travaille à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Son travail prend la forme de peintures, d’installations lumineuses, d’estampes et de dessins avec une attention particulière portée à la scénographie des images. Il aborde dans ses créations les dualités animalité/humanité, enchantement/désenchantement, réalité/fantômes. Ses travaux récents prennent la forme de grands assemblages d’images (dessins, estampes, peintures).
L’installation qu’il expose ici associe des « paysages digitaux » réalisés en eau-forte à des « variotypes* ». À l’heure où la distinction entre images fabriquées et images réelles se complexifie, les paysages digitaux de Luc Doerflinger sont des représentations manuelles de représentations numériques de paysages. Des motifs de grilles forment des paysages abstraits dans lequel le regard se perd. Ces archétypes numériques de l’espace tridimensionnel laissent transparaître par endroit les imperfections inhérentes aux outils et aux gestes de la main.
* Le « variotype », un néologisme de Luc Doerflinger, combine gravure et monotype (le monotype est un procédé d’impression sans gravure). C’est un multiple dont chaque exemplaire présente une variation (dans sa matrice, dans l’agencement de sa composition ou de son tirage).
Emmanuel Gatti
Morsure directe
Né en 1970, Emmanuel Gatti vit et travaille à Pléhédel (Côtes-d’Armor). Il pratique la gravure en taille-douce dans un esprit de recherche technique. Il réalise de grands formats de morsure directe sur trame d’aquatinte permettant des rendus de noirs profonds et texturés.
Marqué par une enfance périgourdine dont il retient la force poétique des rivières, des grottes et des falaises, Emmanuel Gatti mène un travail de gravure où il offre une plongée dans la mémoire archétypale, intérieure d’un paysage sauvage et/ou architecturé, entre natures naturantes et constructions mentales ruiniformes. Il crée un univers géologique où la falaise et plus encore la grotte illustre un monde d’avant l’humanité, chaos primaire ou Arcadie, tel un décor de théâtre baroque vide de toute présence et révélant pourtant par cette absence même une humanité peut-être à venir.
Alice Gauthier
Icebergs
Lithographie
Née en 1989, Alice Gauthier vit et travaille à Gentilly (Val-de-Marne). Elle déploie sa pratique à travers trois médiums : le dessin, la lithographie et la peinture. Elle est irrémédiablement attirée par là où tout a commencé : l’eau, la terre et l’air.
En 2018, Alice Gauthier se lance dans la réalisation d’une série d’Icebergs en lithographie sur pierre. Ces créatures flottantes, aux formes et couleurs singulières, en perpétuelle transformation, lui permettent de s’intéresser aux matières qui composent les icebergs : la glace, l’eau et l’air. Chaque iceberg de la série est un petit univers de textures, sensible et onirique. Un pas de côté et ces Icebergs deviennent une vue satellitaire ; un pas en avant et nous plongeons dans la matière veineuse d’un cœur. Parfois une figure humaine apparaît au cœur de la glace.
Jaga Jankowska Cappign
Sérigraphie, collage, peinture et dessin
Jaga Jankowska Cappigny vit et travaille à Paris. Son processus créatif débute avec des photographies. Elle transforme numériquement ces images jusqu’à ce qu’elles soient méconnaissables. Elle explore ensuite l’entrelacement des images en les sérigraphiant sur divers supports (toile, papier, tissus fins, bois…). Elle aime mêler les techniques en combinant sérigraphie (technique d’impression reposant sur le principe du pochoir), peinture, dessin, gravure et méthodes de transfert. Ce processus de transformation lui permet de créer des œuvres où le familier et l’inconnu cohabitent et où la mémoire s’entrelace avec le présent. En déconstruisant et reconstruisant des fragments de réalité, elle crée des pièces qui invitent à une contemplation profonde et à une redécouverte continue de l’image.
Jaga Jankowska Cappigny travaille souvent en séries. La série Feuilles explore les liens entre mémoire et nature avec des motifs créés à partir de photographies de plantes des paysages de son enfance. Pour la série Déchirures, l’artiste a déchiré les estampes de Feuilles puis, grâce au dessin, y a ajouté des éléments spontanés et organiques, réintroduisant ainsi une dimension plus personnelle et émotionnelle. L’œuvre PLAY.EL est une installation (sérigraphie sur bois et acrylique) qui s’inspire de l’imagerie de l’emblématique Tour Pleyel à Saint-Denis (93). Chacun peut interagir et jouer avec l’œuvre qui prend la forme d’un puzzle.
Laurie Joly
Corrosie
Lithographie
Née en 1989, Laurie Joly vit et travaille à Lille (Nord). Son travail prend la forme d’images imprimées qui lui permettent de soulever des problématiques liées au médium de création qu’est la lithographie (l’impression d’un dessin réalisé sur une pierre) : la fragmentation, l’inachèvement, l’incertitude et l’usure. Elle s’intéresse aux phénomènes qui se jouent sur, dans et avec la pierre : sa faculté à fixer, retenir, voire mentir.
La série Corrosie, créée spécifiquement pour Morsure, prend la forme de 7 grandes lithographies autour du concept d’effacement. Ce travail repose sur un processus évolutif : l’application d’une solution acide sur une pierre lithographique encrée. Le phénomène, entre corrosion et érosion, est imprimé. L’estampe devient trace du temps, du geste et révèle l’usure lente, la perte et la dégradation progressive. Il y a aussi quelque chose de l’ordre de l’antinomique : l’encre d’imprimerie, préalablement appliquée sur la pierre pour impression, est rongée avant même de devenir ce qu’elle est par essence, faisant s’évanouir sa trace en puissance, son potentiel indélébile. Une écriture, un dessin s’évanouit, en faisant apparaître un autre. Et ainsi de suite.
Muriel Moreau
Le Théâtre d’Eau
Eau-forte
Muriel Moreau vit et travaille à Saoû (Drôme). Ses gravures sont essentiellement des eaux-fortes sur cuivre qui ont la spécificité d’être imprimées en négatif, comme des gravures en taille d’épargne. L’encre noire est déployée sur la plaque de cuivre à l’aide d’un rouleau et le trait gravé à l’eau forte est épargné d’encre. Ces tirages nécessitent donc une prouesse technique pour préserver la finesse des lignes gravées et une densité de noir égale sur la plaque.
Muriel Moreau dévoile un monde sensible et énigmatique de l’ordre de la sensation. Son œuvre est une recherche autour de la perméabilité des frontières allégoriques entre le corps et la nature et sur les liens qui nous rattachent à la terre. Le projet Le Théâtre d’Eau, dont sont issues les 3 eaux-fortes exposées, est une recherche sur l’espace des origines où tout est liquide. Composé d’un jeu de lignes, de matières, de flux et de structures d’inspiration minérales et végétales, cette œuvre monumentale forme un tapis d’infimes formes primitives habitant les cours d’eau. Cette gravure est l’expression d’une image nocturne en lien à celle de rêveries flottantes, celle d’une immersion hydrophile dans l’immensité de la nuit.
Camille Oarda
Monotype, gravure au burin et roulage
Née en 1988, Camille Oarda vit et travaille à Paris. Son travail s’ancre dans la relation entre le corps et la terre, examinant leurs cycles de vie, leurs fluides vitaux et leur intimité. Ses œuvres cherchent à capturer l’éphémère beauté et la précarité de l’instant tout en évoquant la continuité et la transformation perpétuelle de la nature. L’ambiguïté émotionnelle est au cœur de ses créations : elles invitent à une contemplation esthétique tout en révélant des paysages lacérés et des blessures invisibles, témoignages d’histoires profondes et complexes. Travaillant principalement sur cuivre et bois, elle explore des techniques variées telles que l’eau-forte, le burin et l’aquatinte. Chaque cicatrice, chaque effleurement fait à la matière, constitue une réflexion sur la temporalité et la mémoire, sur la beauté et la fragilité de la vie.
L’œuvre Hauts nuages est composé de trois estampes identiques imprimées dans des tonalités différentes grâce à une technique de roulage en dégradé sur burin. Elle évoque la forme d’un nuage flottant dans un ciel où se dégagent les couleurs pouvant être associées à différents moments du jour. La série Corps Flottants (monotypes et roulages), réalisée lorsque Camille Oarda était enceinte, est une série de gravures évoquant ce moment dans la vie d’une femme, où l’esprit se retrouve dépossédé de son enveloppe charnelle. En amenant la forme au centre de l’image, Camille Oarda tente avec cette série de se réapproprier ce corps devenu étranger.
Week-end d’ouverture | SAMEDI 4 ET DIMANCHE 5 OCTOBRE de 14h00 à 18h00
Visites guidées | Samedi 4 et dimanche 5 octobre à 16h30
Avec Cora Texier | Gratuit, sur inscription | Public ado et adulte
Initiation à la sérigraphie | Samedi 4 octobre à 14h00
Avec Jaga Jankowska Cappigny | Gratuit, sur inscription | Tout public, dès 6 ans (enfants accompagnés)
Focus sur l’œuvre d’Emmanuel Gatti | Samedi 4 octobre à 15h00
Avec Cora Texier et Emmanuel Gatti | Gratuit, sur inscription | Public ado et adulte
Le Gravomaton | Samedi 4 et dimanche 5 octobre de 14h00 à 18h00
Avec Jean-Baptiste Cautain | Gratuit
Création d’une œuvre à partir de tampons | Samedi 4 et dimanche 5 octobre de 14h00 à 18h00
Gratuit, en accès libre | Tout public, dès 4 ans (enfants accompagnés)
Focus sur l’œuvre d’Alice Gauthier | Dimanche 5 octobre à 15h00
Avec Cora Texier et Alice Gauthier | Gratuit, sur inscription | Public ado et adulte
> Découvrir le programme détaillé du week-end d’ouverture
LITHO WEEK-END | SAMEDI 29 ET DIMANCHE 30 NOVEMBRE
Atelier Kitchen-litho | Samedi 29 novembre à 10h00
Avec Laurie Joly | Tarif plein : 24 €/ tarif réduit : 18 €, sur inscription | Tout public, dès 7 ans (enfants accompagnés)
Démonstration : lithographie | Samedi 29 novembre à 14h00
Avec Cora Texier | Gratuit, sur inscription | Tout public
Conférence : Henri Rivière, Eugène Verneau, une œuvre lithographique | Samedi 29 novembre à 17h30
Avec Olivier Levasseur | Gratuit, sur inscription | Public ado et adulte
Visite guidée | Dimanche 30 novembre à 10h00
Avec Cora Texier | Gratuit, sur inscription | Public ado et adulte
> Découvrir le programme détaillé du Litho week-end
Inscriptions aux rendez-vous :
Ouverture des inscriptions aux rendez-vous le lundi 15 septembre 2025 à 10h00
Entrée libre et gratuite sur les horaires d’ouverture de l’Archipel :
Lundi de 10h00 à 12h00 et de 15h00 à 18h00
Mardi de 10h00 à 12h00 et de 15h00 à 18h00
Mercredi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00
Jeudi de 10h00 à 12h00 et de 15h00 à 18h00
Vendredi de 10h00 à 12h00 et de 15h00 à 18h00
Samedi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h00
Fermée les dimanches (en dehors du week-end d’ouverture) et jours fériés.
Inscriptions aux rendez-vous :
Auprès de l’accueil-billetterie de l’Archipel, à partir du lundi 15 septembre 2025 à 10h00
Catalogue de l’exposition
Un leporello catalogue est proposé à la vente (20 €) :
– au café de l’Archipel (paiement par carte, chèque ou espèces)
– par envoi postal (contactez l’accueil-billetterie au 02.98.51.20.24 pour procéder à l’achat et recevoir votre exemplaire à votre domicile)
Estampes en vente
Des estampes de chaque artiste exposé sont proposées à la vente auprès de la boutique éphémère (près du café).